Mois : juillet 2022

Pour Peter

En direct et en replay : cérémonie pour Peter Brook  – lundi 11 Juillet 2022 à 11h
https://www.youtube.com/watch?v=Z5_tjiqhYUc

« Chers amis de mon père, amis de la famille, amis que nous connaissons ou que nous n’avons jamais rencontrés, et familles de théâtre dans le monde entier, merci pour le déluge vraiment incroyable de mots, de sentiments et de messages affectueux qui nous ont tenu dans une étreinte chaleureuse à travers toute cette semaine difficile.
Comme mon père serait le premier à le dire, une bonne production a besoin de temps. Nous allons donc prendre quelques mois pour commencer à préparer de vrais moments de partage, de convivialité et de célébrations de sa vie et de son travail uniques, à Londres et à Paris et probablement partout dans le monde cet automne… Amour et gratitude infini à tous. » Irina Brook

« Il n’y a pas de secret »

« Le metteur en scène doit se laisser guider dès le départ par ce que j’ai appelé un « obscur pressentiment », c’est-à-dire une certaine intuition, puissante mais vague, qui indique la silhouette première, la source à partir de laquelle la pièce lui parle. Ce qu’il a besoin de développer le plus dans son travail, c’est un sens de l’écoute. Jour après jour, tout en intervenant, en commettant des erreurs ou en regardant ce qui se passe à la surface, il doit écouter à l’intérieur, écouter les mouvements secrets du processus caché. C’est au nom de cette écoute qu’il sera constamment insatisfait, qu’il continuera à accepter et à rejeter jusqu’à ce que tout à coup son oreille intérieure entende le son qu’elle espérait, et que son œil voie la forme qui attendait pour apparaître. Pourtant à la surface toutes les étapes doivent être concrètes, rationnelles – les questions de visibilité, de cadence, de clarté, d’articulation d’énergie, de musicalité, de variété, de rythme, tout cela a besoin d’être observé d’un façon strictement pratique et professionnelle. Le travail et le travail d’un artisan,  il n’y a pas de place pour la fausse mystification, pour les méthodes magiques contrefaites. Voilà le guide. C’est ce qui fait qu’un processus constamment changeant n’est pas un processus de confusion mais un processus de croissance. C’est la clé. C’est le secret. Comme vous le constatez, il n’y a pas de secret. » Peter Brook _ p240, in « Points de suspension », Le Seuil 1992 (The Shifting Point, 1987)

Peter nous a quitté

© LE MONDE, 3 juillet 2022 – Fabienne Darge

Installé en France depuis 1974, l’artiste a marqué l’une des pages les plus importantes de l’aventure théâtrale. Il laisse des spectacles uniques montés dans son Théâtre des Bouffes du Nord, comme « Le Songe d’une nuit d’été », « Le Mahabharata » ou « La Tempête ». Il est mort samedi à l’âge de 97 ans.

Comme les chats, il semblait avoir eu (au moins) neuf vies. Mais Peter Brook est définitivement passé de l’autre côté, du côté de cet invisible, dont il n’avait eu de cesse de vouloir s’approcher, encore et encore. Le metteur en scène britannique, installé en France depuis 1974, est mort samedi 2 juillet à Paris, à l’âge de 97 ans, a appris Le Monde dimanche. Read more